Ce second tome du dossier consacré au travail entrepreneurial prolonge une réflexion engagée sur la sociologie de l’entrepreneuriat, en déplaçant le regard de la figure héroïsée du créateur ou de la créatrice d’entreprise vers les structures et les collectifs qui rendent ce travail possible. Les contributions réunies ici mettent en lumière la manière dont les groupements patronaux, les associations d’entrepreneurs et entrepreneuses, et les structures d’accompagnement tels que les incubateurs, participent pleinement à la fabrique du travail entrepreneurial. Ces instances ne se limitent pas à fournir des ressources matérielles, cognitives ou relationnelles. Elles forment, sélectionnent, mettent en réseau et accompagnement des entrepreneurs et entrepreneuses, tout en participant à la définition des normes, des hiérarchies et des frontières de l’entrepreneuriat contemporain. À travers différents terrains, ce numéro met au jour la pluralité des formes d’engagement au sein des structures d’accompagnement et des collectifs patronaux, tout en soulignant leur fragilité et les tensions qui les traversent : entre entraide, engagement collectif, quête de sens et exigences de rentabilité. En s’appuyant sur les outils de la sociologie économique et de la sociologie du travail indépendant, ce numéro invite ainsi à repenser l’entrepreneuriat comme une activité collective, située et institutionnalisée.