Souvent considéré comme « fait social total », le phénomène monétaire n’a jamais cessé d’intriguer les experts, savants et conseillers du prince. Depuis le Moyen Âge et jusqu’à une période récente, la monnaie fascine les sciences sociales et possède une capacité à surprendre, comme en témoigne la longue période contemporaine de taux d’intérêts réels négatifs et le récent recours aux politiques monétaires dites « non conventionnelles » de la Banque centrale Européenne.
Prendre pour objet l’énigme monétaire implique de mobiliser les sciences sociales dans leur diversité. Dans cette optique, ce dossier de la Revue Française de Socio-Économie prouve toute sa pertinence en proposant un dialogue et une hybridation des disciplines. Au nom de quels groupes sociaux, et par quel truchement, la monnaie souveraine est-elle agie et bougée ? Quelles formes de souveraineté politique réelle sont autorisées par son gouvernement contemporain ?
Les contributions de ce dossier mettent ces énigmes au coeur de leurs recherches. Elles contribuent à repérer les formes multiples de déploiement de la pluralité monétaire, et s’efforcent de comprendre la nature politique et sociale de la monnaie, conviction fondatrice d’une analyse socioéconomique à même de penser le changement.