Pour une écriture non sexiste
La RFSE encourage les auteurs et autrices qui le souhaitent à adopter une écriture non sexiste à condition de la maintenir du début à la fin. La revue propose des techniques d’écriture non-sexiste dans le but de rendre visibles les situations de mixité ou de non-mixité du monde social, masquées par le recours systématique au masculin dit neutre. Il existe plusieurs formes d’écriture inclusive et leur pertinence s’apprécie en situation, selon les textes et le propos. La revue engage les auteurs et autrices à pratiquer une écriture inclusive qui résulte d’une réflexion scientifique sur la mixité (ou la non-mixité) de genre des espaces sociaux étudiés.
Conseils pour une écriture non-sexiste
Le RFSE n’entend pas imposer une forme unique d’écriture mais souhaite privilégier des pratiques d’écriture permettant de ne pas sacrifier la clarté et la qualité des publications. L’article de Gwenaëlle Perrier, « Réflexions et propositions concrètes pour une écriture non sexiste dans les revues académiques[1] », donne des pistes très intéressantes. Nous en proposons ici quelques-unes pour guider la rédaction en amont de la soumission d’un texte.
- L’étude d’une population majoritairement masculine ou féminine peut justifier sa désignation au masculin ou au féminin. Cela doit être explicité et justifié et peut s’appliquer de façon différente pour différents groupes dans un même article.
- Si la revue n’est pas favorable au recours à des néologismes pour des pronoms ou déterminants (« iel » ou « ille », « elle/il », « celleux », « toustes ») ou pour certains noms (tels qu’« actaire », « contributaire », « locuteurice » et « réparateurice », « chercheureuses »), elle propose en revanche les principes d’écriture suivants :
- La RFSE incite les auteurs et autrices à utiliser des termes épicènes et des formules neutres du point de vue du genre pour éviter d’alourdir l’écriture : « la direction » (plutôt que les directeurs et directrices), le « lectorat » (plutôt que les lecteurs et lectrices), le « public », les « personnes », « dynamiques » (plutôt qu’actifs et actives), novices (plutôt que débutant, débutante) [2]... Ces substitutions sont à apprécier en fonction du sens du propos et ne doivent pas conduire à le modifier – dans le cas contraire le dédoublement apparaît justifié (« travailleurs et travailleuses »).
- On peut également utiliser la nominalisation : « c’est la raison de leur présence » (plutôt que c’est la raison pour laquelle elles et ils sont là).
- La revue conseille un usage pondéré du point médian lorsqu’aucun terme épicène ne semble aisément mobilisable. Il est réservé aux mots dont la terminaison au féminin prolonge la terminaison masculine par l’ajout d’un « e » ou le dédoublement de la consonne finale : « étudiant·e », musicien·ne », « bûcheron·ne », « salarié·e », « chef·fe », etc. ; au pluriel, on n’utilise qu’un point médian : « professionnel·les » et non « professionnel·le·s ».
- L’accord des adjectifs et participes doit respecter certaines règles :
Cet accord doit se faire en cohérence avec les formes utilisées pour les noms. Si un point médian ou un nom épicène a été utilisé, pour englober une population sans en préciser la répartition en termes de genre, on utilisera un point médian :
« Les étudiant·es mobilisé·es contre cette réforme », « Les juristes engagé·es dans cette démarche ».
Si la forme du nom a justifié son dédoublement ou si l’adjectif lui-même ne peut pas être rendu épicène, on privilégie un accord de proximité :
« les acteurs et les actrices sociales »
« De nombreux chercheurs et chercheuses »
« Les sportifs et sportives ont été rémunérées par la fédération »
Il est également possible d’accorder les adjectifs et participes selon un principe de majorité : accord en fonction du sexe majoritaire dans un groupe. Ce principe doit être explicité en début d’article comme mentionné plus tôt.
« Les élèves sont rassemblées… »
- La RFSE encourage enfin la féminisation des noms de fonctions :
La réussite d’une écriture non-sexiste, pour l’enjeu égalitaire qu’elle vise, nous semble reposer sur la « naturalisation » de toutes les formes qui, à certaines périodes, ont pu être jugées bizarres ou ridicules au féminin alors qu’elles ne l’étaient pas au masculin. Le choix d’un e muet pour féminiser certaines fonctions, alors qu’il existe des terminaisons spécifiques et auditivement perceptibles, relève d’un sentiment d’étrangeté associé à la féminisation de ces fonctions, lequel fait partie intégrante des inégalités que l’écriture inclusive vise à réduire. C’est ainsi que l’on va écarter des mots comme « auteure », qui n’ont pas de raison d’être à côté de « lectrice », « directrice », etc., et conduisent dans certains textes à des constructions illogiques comme « auteure-compositrice ».
[1] Perrier G., 2021, Cahiers du genre, n° 70, p. 215-224.
[2] L’office québécois de la langue française propose une liste de termes épicènes